La Chine et les terres rares : retour sur une stratégie industrielle

La Chine à la conquête des terres rares 

En 1976, l’arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping bouleverse l’ordre établi en Chine. Le nouveau dirigeant du Parti communiste entend faire de son pays une puissance scientifique et technique, ambition qu’il concrétise en 1986 au travers du projet 863, un plan ciblant sept industries de pointe. Et les terres rares font partie des convoitises chinoises. Toutefois, la Chine ne dispose pas des compétences suffisantes pour traiter toutes les étapes de production (séparation, raffinage, transformation). Son intention vise ainsi à attirer les entreprises maîtrisant l’ensemble de la chaîne de valeur sur son territoire. Pour ce faire, elle a recours à plusieurs stratagèmes.

Le premier consiste à séduire les entreprises en mettant en avant les atouts dont dispose la Chine : une main d’œuvre abondante et peu chère, un coût du capital réduit et un marché intérieur très important. Une fois l’entreprise délocalisée, une joint-venture se créée : en échange des avantages offerts par la Chine, l’industriel étranger s’engage à transférer sa technologie… et donc ses brevets. En réalité, la pratique chinoise s’apparente à un véritable dumping économique. Il s’agit de casser les coûts pour proposer les prix les plus bas et empêcher les concurrents d’être compétitifs à l’international.

La mine américaine de Mountain Pass a subi de plein fouet cette stratégie. Implanté dans le Nevada, ce site était le plus important au monde pour la production de terres jusqu’aux années 1990. Or, en 2002, le dumping pratiqué par la Chine était tel que les prix américains étaient deux fois plus chers que ceux proposés par les Chinois. Mountain Pass fit ainsi faillite cette même année 2002.

La fermeture de la plus grande mine du monde n’était pas le seul fait du dumping économique chinois. À cela s’ajouta un dumping environnemental qui profita des nombreux courants écologistes émergents en Occident dans les années 1980. Molycorp, la société exploitant Mountain Pass, avait ainsi subi plusieurs scandales liés à la pollution endémique qui émanait de ses activités. De l’autre côté, Pékin n’avait aucun scrupule quant à la pollution émise par la production de terres rares, un avantage de poids pour attirer la concurrence chez soi. La volonté de rattrapage de la Chine sur l’Occident s’est ainsi faite au détriment des sols, des eaux et de l’air, sans parler des nombreux cancers et maladies subis par la population.

Autre cas révélateur, le français Rhône-Poulenc. Installée à la Rochelle, cette société de chimie était dans les années 1980 l’un des deux leaders mondiaux dans la transformation des terres rares. Or la purification de ces métaux engendrait automatiquement des rejets, dont beaucoup s’écoulaient jusque dans la mer. Si la direction du groupe affirmait qu’ils n’étaient pas radioactifs, les ONG locales étaient persuadées du contraire. Qui dit vrai ? Aujourd’hui encore, le débat continue de diviser. Toujours est-il qu’en 1994, après des années de pressions médiatique et politique, Rhône-Poulenc décida de confier le raffinage des terres rares aux Chinois… pour un prix imbattable.

Après des années de conquête du marché, le résultat est aujourd’hui sans appel : alors qu’elle ne détient que 50 % des réserves de la planète en terres rares, la Chine compte désormais pour 80 à 95 % de la production mondiale. Fort de sa position, Pékin a consolidé son monopole par un contrôle plus poussé des exportations……… LIRE LA SUITE SUR https://portail-ie.fr/analysis/4033/la-chine-et-les-terres-rares-retour-sur-une-strategie-industrielle

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